Serais-je si « heureux » aujourd’hui si je n’avais pas vécu tout ça ?
Pour le savoir, plongez-vous dans ce témoignage, qui, nous en sommes certains, “parlera” à beaucoup d’entre vous!
Parce qu’une vie professionnelle n’est jamais un long fleuve tranquille, parce que nous évoluons et nous saisissons les opportunités. Et parce que, surtout, il ne faut jamais perdre de vue son objectif, nous vous proposons de découvrir à travers plusieurs articles #Onveutduvrai, le parcours de quelques salariés de la Mission Locale.
Tout au long de votre lecture, vous retrouverez l’authenticité des témoignages de notre équipe. Vous prouver qu’il est possible de réaliser ses rêves avec de la volonté et de la persévérance quoi qu’il arrive fait partie de nos missions d’accompagnement.
Aujourd’hui c’est Fabrice, Conseiller Garantie Jeune à la Mission Locale Alsace du Nord, fraîchement arrivé qui partage son parcours.
Tout d’abord, il est important de poser que mon parcours est parsemé de rendez-vous manqués qui sont en grande partie dus, soit à un manque de maturité pour la 1ere partie du parcours, soit à un manque de confiance en moi, alimenté par la conviction de ne pas être au bon endroit et d’avoir gâché un potentiel dont mon entourage n’a cessé de louer la qualité…
Au collège et au lycée, je suis un de ces élèves que les professeurs ont du mal à cerner, timide, avec aucune idée de ce que je veux faire, et surtout, jamais en difficulté, mais jamais au top… J’ai bien compris que des moyennes générales à 12-13 comblent à la fois mes parents et le corps enseignant et je m’y conforme, avec surtout l’envie de ne pas me faire remarquer ! Tellement timide et réservé je suis…
Pourtant, la question de l’orientation surgit assez vite.. Que faire ?? Le bac B, très général apparaît rapidement comme l’option « naturelle », j’y vais car ça semble logique, mais je n’ai alors aucune réflexion sur mon avenir…(ce fameux manque de maturité !!).
Sans effort ou presque j’ai mon bac, ayant réussi l’exploit je pense, que certains profs n’aient jamais entendu le son de ma voix…
Sorti du lycée.. Aucunes idées !! Sur les « bons » conseils de mon prof d’éco qui me dit…”la filière AES, c’est un prolongement du bac B, fais ça !! Tu verras après !”
Effectivement…c’est très varié, je découvre le droit, mais mon niveau en mathématiques, déjà problématique en série B, coince assez vite… Je loupe mon année..1er échec scolaire… Je décide de m’inscrire en droit, je passe la 1ère année.. et c’est pendant cette année ; ma 2ème post-bac, qu’émerge pour la 1ère fois une idée de métier.. l’enseignement en histoire, matière « passion » depuis toujours..
J’obtiens donc une équivalence pour basculer en 2ème année d’histoire… Effectivement, les cours me plaisent…Mais en étant pragmatique…J’ai « suivi » les matières qui me plaisaient….sans vraiment réfléchir à « l’après »… Prof d’histoire, oui, mais je n’ai aucune représentation du métier…Et aujourd’hui, avec le recul…Je ne pense pas que cela m’aurait plu…
J’ai mon DEUG, bascule en licence, j’en obtiens les ¾, ce qui permet l’inscription en maîtrise… Je bosse les week-ends dans un hebdomadaire d’actualités assez réputé dans le Nord, ma région d’origine…(et je cumule même avec un poste de vendeur en distribution) pour financer logement, permis, études… Cette expérience journalistique est un déclic… J’ai fait le lien entre ce que j’aime ( la culture, le sport), ce que je me reconnais savoir faire (écrire) et un métier que je pratique de plus en plus (les heures de cours à la fac me le permettent) et donc un métier que je connais « enfin » pour le pratiquer… Je ne suis plus dans la représentation !!! Je récupère mon programme auprès de mon journaliste de tutelle le jeudi… Et le week-end je couvre événements en tout genre, théâtre, sports…mais aussi fête de village etc… Ma plume me fait gagner la confiance du journal, et je me vois proposer des « événements » plus marquants…des pièces de théâtres avec comédiens « réputés ».
Au moment où tout commence à aller bien, un deuil familial fait dérailler le train… Je ne valide pas la dernière partie de la licence, m’empêchant de soutenir le mémoire de maîtrise.. Je finis à une place (13ème, pour 12 retenus) au concours de l’ESJ de Lille… Je me retrouve à la maison découragé, sans projets.. Là ou l’épreuve de vie que je viens de subir aurait du me faire grandir.. Elle me renvoie à mes doutes d’adolescent, avec un côté renfermé exacerbé..
L’enseigne de distribution dans laquelle je travaillais le week-end me propose un contrat après plusieurs mois à la maison.. je l’accepte, commettant ainsi une énorme erreur.. (je ne le sais pas encore..) Logé, nourri, j’ai mon salaire pour moi.. Et les bancs de la fac ou de l’ESJ s’éloignent car je ne suis plus dans un état d’esprit « apprenant »..
Une année passe, je deviens chef de rayon… Et, en guise d’émancipation, j’accepte une proposition d’un magasin dans l’est de la France…Nouvelle erreur… fuir loin pour fuir mon chagrin et le regard de mes proches sur mes échecs scolaires…
Je loupe une chance de revenir au bercail car je fais une « rencontre » dans ce coin perdu loin de chez moi.. Et le train de la vie se met en route.. Les années passent, mon travail m’insupporte, je vais travailler chaque jour « la boule au ventre » pendant plus de 10 ans, je suis aigri professionnellement, même en devenant « manager »..Mais un événement va venir « enfin » piquer mon égo pour de bon.. Je deviens papa….Et finalement, je me mets à « grandir » en réfléchissant à mon avenir et ce que je veux en faire.. à 35 ans passés Il n’est jamais trop tard !!
Je passe un bilan de compétences n’ayant absolument aucune idée! au fond de moi, je crois qu’il est trop tard !! Partant de toutes les conditions de travail que je ne veux pas retrouver, guidé par les tests et les enquêtes métiers…J’opte pour le métier de Conseiller en Insertion… Je retourne en formation.. découvre un univers et je remets en question toutes mes « pseudos » certitudes.. Ce métier, où s’interroger est une compétence, colle à ma personnalité..
Je réussi mon examen dans des conditions épiques de stress (car pour une fois, c’était un vrai choix de ma part et je découvrais donc la notion « d’enjeu »).. Je décroche mon 1er job dans l’insertion grâce a une de mes jurés d’examen…Et je découvre qu’on peut se lever le matin en étant heureux d’aller travailler !!! A condition de faire quelque chose qui plait et qui colle à ce que l’on est…
Je trouve mon 2éme contrat grâce aux stages que j’avais effectués en formation dans un organisme de formation…le bon souvenir laissé à ce moment là a eu plus de valeur que tout les CV’s du monde ! Je passe 4 ans et demi là bas, sur des postes de conseiller, formateur ou coordinateur d’actions.. J’aime ce que je fais…l’ancien timide maladif s’efface devant le formateur passionné par ce qu’il fait.. Il fallait juste que je me trouve ! La multiplicité des tâches, des conditions parfois particulières me font prendre confiance définitivement.. J’effectue du coup un vrai choix ; quitter ce poste.. Pour trouver un projet qui me correspond et que j’aurais choisi .Pour une fois !. Je réponds à l’offre de la Mission Locale et me voilà !!
Bien sûr, c’est difficile d’écrire une telle présentation, il y a de l’intime un peu, et se dévoiler n’est jamais chose facile… Pourtant de ce parcours on peut tirer des enseignements.. On peut se tromper ! On peut douter ! On peut faire des mauvais choix !! il n’est jamais trop tard !!! Jamais… Certains, comme moi, ont besoin de plus de temps. On peut faire des erreurs si on finit par en tirer une leçon et en apprendre quelque chose.. Et j’ai beaucoup appris.. de moi-même ! J’ai eu dans mes stagiaires de ma précédente expérience des gens de plus de 55 ans….Ce qui prouve que tout est toujours possible !!!
Je finirai par dire que ma vie a changé quand « JE » l’ai prise en main ! La sérénité que je ressens aujourd’hui est née parce que j’ai fini par choisir mon destin ! Cependant.. Je ne regrette rien… J’ai eu des regrets pendant trop longtemps ! Les mauvais choix passés ont fait de moi ce que je suis…Serais-je si « heureux » aujourd’hui si je n’avais pas vécu tout ça ?