" Comme quand on marche, chaque pas est un nouveau déséquilibre avant de se rattraper avec le suivant. "
Parce qu’une vie professionnelle n’est jamais un long fleuve tranquille, parce que nous évoluons et nous saisissons les opportunités. Et parce que, surtout, il ne faut jamais perdre de vue son objectif, nous vous proposons de découvrir à travers plusieurs articles #Onveutduvrai, le parcours de quelques salariés de la Mission Locale.
Tout au long de votre lecture, vous retrouverez l’authenticité des témoignages de notre équipe. Vous prouver qu’il est possible de réaliser ses rêves avec de la volonté et de la persévérance quoi qu’il arrive fait partie de nos missions d’accompagnement.
Aujourd’hui c’est Frédéric Woehrel Directeur de la Mission Locale d’Alsace du Nord qui nous partage l’importance de trouver l’équilibre, entre vie professionnelle et personnelle.
Si j’ai accepté aujourd’hui de participer à cette série intitulée #Onveutduvrai c’est parce que j’ai l’intime conviction qu’au-delà des apparences, de ce que nous laissons à voir à tout le monde, et comme dans un tableau, ce sont à la fois les zones d’ombre et les zones mise en lumière qui font la beauté d’une œuvre. Cette série de témoignages dans laquelle, en tant que salariés de la mission locale, nous donnons à voir les difficultés et les périodes plus complexe de nos parcours vient compléter de manière harmonieuse l’autre série que sont les success stories.
Tous ces jeunes qui viennent témoigner comment, à force de volonté et de conviction et peut-être, un peu aussi, grâce à notre accompagnement, ils sont arrivés à faire de leur projet et de leur rêve une réalité.
Que dire donc de moi ? Dernier enfant d’une fratrie de 6, je le dis souvent, je suis un enfant non désiré mais aimé et l’essentiel est vraisemblablement ici. Né dans une famille plutôt modeste du centre Alsace, avec un père ouvrier et une mère assistante maternelle. J’ai certainement bénéficié de ma position de dernier enfant de la fratrie dans la mesure où, et j’en mesure la chance, j’ai été le seul à pouvoir faire des études supérieures.
La bataille de l’indépendance
Durant mon année de terminale mon père, pour des raisons économiques, a perdu son travail et s’est retrouvé du jour au lendemain au chômage. À l’âge de 55 ans perdre son travail c’est évidemment compliqué. On est trop jeune pour ne plus travailler et trop vieux pour se faire embaucher par la plupart des entreprises. Il a finalement fini sa carrière en tant que saisonnier dans un parc de loisir très connu de l’autre côté du Rhin et avec le sourire aux lèvres à chaque fois qu’il allait travailler…
Néanmoins, c’est à partir de ce moment-là que j’ai pris la décision de faire en sorte de ne plus être dépendant du modeste revenu de mes parents. J’ai pu tenir ce pari de l’indépendance financière dès avant mes 18 ans, grâce à mes efforts, j’ai travaillé à chaque période de congé en intérim en Allemagne, mais aussi grâce à la générosité et à l’attention que m’ont porté les gens que j’ai rencontrés et qui ont cru en moi.
La tête dans les cieux
Mon projet professionnel, à ce moment-là, s’apparentait davantage à une vocation, puisque j’ai passé une licence en théologie catholique et quelques années au grand séminaire de Strasbourg puis dans une congrégation religieuse en vue d’accéder à la prêtrise. Cette vocation s’est étiolée, petit à petit, et surtout, j’ai vite compris que mon équilibre personnel ne serait pas au rendez-vous. Cette période m’a permis cependant de cultiver en moi l’attention à tous les êtres humains et la nécessité d’une société dans laquelle la valeur de l’entraide doit être fondamentale, pour que chacun puisse y construire sa place. Ces convictions-là ne m’ont jamais abandonné.
Retomber sur ses pieds…
Avec une licence en théologie je peux vous dire que l’insertion professionnelle n’est pas des plus aisée. Et même si j’aurais bien aimé reprendre des études, mon indépendance financière acquise ne m’en offrait pas la possibilité. Je me suis cherché une voie pendant de nombreuses années tantôt dans le métier d’animateur socioculturel, tantôt vers la voie de l’éducation spécialisée, en passant par chargé de mission, conseiller, etc. J’ai alterné les emplois à un rythme approximatif de 1 à 2 années par poste. Parce que j’ai croisé sur mon chemin des gens qui m’ont fait confiance, mais aussi parce que je me suis toujours investi au maximum de mes capacités dans chacun de mes postes, j’ai eu la chance de ne jamais être en situation de sans-emploi et de me voir confier des responsabilités croissantes. C’est ainsi qu’après avoir été conseiller à la Mission Locale d’Alsace du Nord pendant une période, j’y suis revenu des années plus tard, en 2011, en tant que Directeur, après avoir roulé ma bosse ailleurs… et vraisemblablement avant de la rouler ailleurs un jour encore.
Le bonheur est une question d’équilibre !
Evidemment, il n’y a pas que le professionnel dans la vie, et il est essentiel de trouver un équilibre. En parallèle à ces pérégrinations professionnelles, les projets personnels ont été menés de front : 7 ans de rénovation d’une maison alsacienne (à défaut de pouvoir me la financer déjà rénovée), pour l’essentiel de nos propres mains avec ma compagne, pour y déposer 3 bambins qui aujourd’hui sont des ados. Ces réalisations-là sont certainement celles dont je suis le plus fier !
Mes convictions me poussant en permanence à l’action, j’ai également accepté, il y a 4 ans, de devenir Président d’une Association, Structure d’Insertion par l’Activité Economique qui s’appelle aujourd’hui UTILéco. Avec d’autres personnes très engagées, l’aventure nous a poussé à créer de l’activité, et même pendant le premier confinement, une entreprise d’insertion, pour permettre à près de 300 personnes ( 70 équivalents temps plein ) d’avoir un travail.
Avec tout cela, et comme il faut bien garder le sens de choses, je me force a trouver le temps de la lecture et de la participation à quelques groupes de réflexion… et modestement un peu de sport pour garder le rythme…
Il faut bien dire que l’équilibre, surtout quand on vit les choses à fond, n’est pas toujours aisé. Beaucoup de doutes, et souvent la fatigue, émaillent mon quotidien. L’équilibre est pourtant essentiel pour avancer… comme quand on marche, chaque pas est un nouveau déséquilibre avant de se rattraper avec le suivant.
Chaque projet, chaque mission que j’ai accepté, je m’y suis engagé corps et âme avec la conviction que les efforts portent toujours leur fruit, mais aussi que rien n’est jamais gagné d’avance et pour toujours. Il y a des expériences vécues comme des échecs… il faut rebondir et en tirer l’expérience ! Il y a des désillusions… il faut accepter que tout ne soit pas toujours comme on l’espère ! Il y a des phases enthousiasmantes… il faut les savourer !